Le relâchement observé au niveau des gestes barrières pourrait entraîner une nouvelle vague de contaminations.
Sacrés Tunisiens ! Ils jubilent déjà à l’idée d’avoir littéralement vaincu le coronavirus. Ils sont même fiers de regarder,impassibles et orgueilleux, cette «avalanche « d’hommages ,d’éloges et de marques d’admiration qui ne cesse de pleuvoir sur eux des quatre coins du monde. «Chez nous, c’est vérifié :quand on veut, on peut» pavoise Mohamed, 52 ans, instituteur de son état, qui ajoute, encore plus ravi : «Nous avons administré une belle gifle à tous ceux qui, ailleurs, ne veulent pas croire à ce que j’appelle «le miracle tunisien. «Miracle tunisien ? Oui, merci. Et même bravo, puisque, faut-il le rappeler, on a largement éclipsé le majestueux Occident et devancé de très loin des pays arabes ,européens et asiatiques beaucoup mieux nantis et outillés ,en matière de lutte contre le coronavirus. Or, dès que l’ordre de se mettre à l’heure du deconfinement a été donné, ça tourne aux abus. Bien évidemment, on comprend aisément pourquoi un peuple, jusque-là enfermé entre quatre murs pendant deux longs et interminables mois d’une rare souffrance, se défoule, s’extériorise, s’agite et remue ciel et terre .
Certes, aussi, il a mille fois raison de remettre en marche son train de vie quotidien ,en reprenant le chemin des cafés ,bars et restaurants, en dînant dehors,outre les raids habituels dans les centres commerciaux et les mosquées. Mais, y aller aveuglément et s’y adonner sans la moindre réserve, voilà ce qu’on appelle le verre de trop.
Défoulement lourd
de conséquences ?
C’est d’autant plus grave que l’Etat a pourtant imposé des restrictions fermes dans l’application du déconfinement progressif. Des restrictions qui ont été, hélas, bafouées dans leur presque totalité. Jugez-en: l’encombrement et la bousculade ont, partout, repris de plus belle, le fameux mètre de séparation a volé en éclats. A l’entrée des administrations et établissements commerciaux, on n’exige presque plus le port des masques de protection, alors que les mêmes restrictions n’ont pratiquement plus cours à bord des moyens de transport public (bus, métro, train, taxis collectif et individuel ).
Bref, ici et là, on n’exige plus rien de vous et on ne vous sert plus, la plupart du temps, du gel hydroalcoolique à l’entrée de l’établissement. Dans la foulée, deux chauffeurs de taxi et louagistes sur trois, impatients de renouer avec leurs vieux réflexes d’aventuriers, ont, à leur tour, fait fi des mesures préventives pour embarquer plus de clients, tout en mettant les bavettes «out».
En dénombrant autant d’abus, l’on est en droit de s’interroger avec stupéfaction : pourquoi toute cette indiscipline ? Le gouvernement n’a -t-il pas averti tant de fois que la Tunisie, bien que beau vainqueur du Covid 19, n’est pas pour autant à l’abri d’une nouvelle vague de contaminations ? Pourquoi les restrictions sont -elles violées en toute impunité ? Le regrettera-t-on un jour ?
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